Ce qui distingue l’homme actuel de son essence profonde, c’est sa soumission permanente à l’ordre totalitaire de l’exploitation et à son fétichisme de la marchandise corollaire. La forme la plus aboutie, rationnaliste et universelle de cette contre-naturalité carcérale est le salariat, base fondamentale du capitalisme. Pourtant, les lois inhérentes à l’exploitation salariale sont aussi les lois contradictoires qui le mèneront à sa propre auto-abolition finale et à la nécessité historique de l’émancipation générale de l’humanité entière.
Ce qui fait de ce Capital omni-destructeur un mode de production auto-destructeur, c’est sa contradiction fondamentale qui consiste à exploiter le salarié dans la sphère de production tout en ayant besoin, pour s’accumuler, de lui vendre l’intégralité du produit de cette même exploitation dans la sphère de circulation. Dit plus simplement, le Capital, par l’extorsion de plus-value, supprime de lui-même la demande dont il a besoin pour vendre cette plus-value sur le marché mondial, supprimant ainsi par le même coup sa seule possibilité de se reproduire indéfiniment.
Ainsi, l’exploitation de l’homme par l’homme s’impose d’elle-même comme une aporie historique dont la traversée dans l’histoire n’est rien d’autre que la course folle vers sa propre mort inéluctable. L’abolition du salariat et de l’État n’est donc pas une recette qu’une secte particulière aurait à imposer à l’ensemble du prolétariat, il s’agit du résultat immanent à l’histoire universelle des hommes. Plus qu’un projet politique d’amélioration, elle est le mouvement général de conscience qui met un terme à la politique elle-même, ainsi qu’à l’oppression de l’histoire mondiale.
Par-delà les mystifications de l’ordre existant et les mesures coercitives de la dictature démocratique du capital, par-delà les mensonges terroristes sur la prétendue crise sanitaire mise en spectacle pour faire oublier la crise économique, se cache une crise ontologique réelle. Soit le Prolétariat en prend conscience dans une perspective radicalement révolutionnaire, soit il est condamné à se faire réprimer dans le sang et les larmes, une fois de plus.