
Extinction de la Rébellion
La planète va très bien. C’est l’homme qui est en danger de mort. À l’échelle planétaire, l’humanité, avec ses gratte-ciels et ses bombes atomiques, n’est que la fine couche d’un agrégat de particules gesticulant sur la croûte terrestre. Rien de bien méchant. Malgré cela, on entend souvent dire qu’il s’agirait de « sauver la planète » et lors de leurs manifestations, les militants-écolo manifestent « pour le climat ». D’ailleurs, nombreux sont ceux qui y brandissent une banderole ou un drapeau décoré d’une planète bleue ou verte. Il faut en conclure que l’humanité est parvenue à un tel degré d’aliénation que la souffrance elle-même s’est vue objectivée. Cela jusqu’à croire que la planète se venge ! De même que les Romantiques ont substitué la beauté de la nature environnante à la beauté interne de l’homme; de même, la souffrance de la nature a remplacé la souffrance de l’homme de sorte que c’est désormais l’environnement que l’on prétend protéger, et non plus l’homme lui-même. Le salut chrétien a laissé place au sauvetage de la nature.
Or, toute personne chez qui la souffrance réelle n’est que ressentie et non encore clairement comprise et définie, désireuse d’expliquer l’origine de son malaise, est susceptible de tomber dans le piège social de l’écologie, érigée par le pouvoir en solution urgente et universelle. C’est pourquoi un grand nombre de personnes réellement soucieuse sur l’état actuel du monde finit par adhérer à cette idéologie qui leur fait pourtant ouvertement la guerre, puisqu’elle prétend sauver l’environnement au détriment du bon fonctionnement de l’activité sociale. Sauver la planète mais laisser déchoir le monde. Pour beaucoup, l’écologie est un exutoire. Mais la vraie panacée, interne, demeure cachée.
Parlez de cela à l’écolo, et il vous dira très bien savoir que ce n’est pas l’environnement pour lui-même que l’on protège, mais les conditions environnementales de l’homme, que c’est l’homme lui-même ou les « réfugiés climatiques » que l’on sauve en freinant le réchauffement planétaire. Tout le monde s’accordera donc à dire que l’humanité, en dernière instance, est le centre de toutes les préoccupations humaines, ce qui est bien sain et normal. Ce qui l’est moins en revanche, c’est de masquer les vrais problèmes sociaux par de faux problèmes environnementaux. Comme si la société avait besoin de la médiation-environnement pour être pathogène, et comme si le problème externe qu’est l’environnement n’était pas le reflet du problème interne qu’est la marchandise. C’est parce que la marchandise pollue l’homme qu’elle en vient à polluer le monde environnant.
La prétendue « société de consommation » et l’illusion décroissantiste
L’écologie, de ses origines à nos jours, s’est opposée à deux phénomènes : la pénurie et la pollution. C’est pour cette raison que l’emploi du terme « énergie fossile » est devenu équivoque : l’emploi du charbon et du pétrole serait mauvais en tant que tel car non seulement, nous n’en possédons que des réserves limitées mais aussi, leur combustion émet un gaz carbonique prétendument polluant et responsable du réchauffement climatique. Force est de constater alors que c’est la durabilité qui est le but ultime de l’écologie, projet à la fois vain et délétère. Délétère, car il cherche à rendre durable un monde oppressif par nature, le monde de la valeur d’échange ; vain, car il prétend se réaliser dans un capitalisme autodestructif (qui donc par définition ne durera pas). L’écologie veut rendre une bombe durable en la trempant dans l’eau froide.
Mais quand bien même notre mode de production serait sain et prospère, l’écologie resterait vaine. Prenons, par exemple, le cas de la pénurie de matières premières qu’on cherche à combattre.
Dans notre société marchande, les ressources dites « naturelles » sont avant tout considérées comme des ressources d’argent. Les arbres, la Terre et ses entrailles, les éléments naturels, naguère perçues comme des divinités immuables et tutélaires, ne sont désormais vues que comme valeurs d’usage ou d’échange. La sacralité tellurique n’existe plus et il ne demeure que le règne du mécanisme prosaïque des lois capitalistes. C’est donc à travers ce qu’exprime ces lois qu’il s’agit de comprendre le rapport de la société aux matières premières.
La première de ces lois nous dit que la valeur des marchandises étant déterminée par le temps de production qui leur est nécessaire en moyenne sociale, chaque entreprise cherche perpétuellement à accroître sa productivité afin de produire plus de valeur que les autres entreprises en un temps donné. Pour faire court, une société plus productive que la moyenne est capable de vendre les mêmes marchandises moins chères ou de les vendre au même prix pour faire un profit supérieur. Chaque secteur économique est ainsi poussé à toujours plus de rapidité et de productivité, en raison de ce qu’on appelle la loi de la valeur-travail. Mais en bouleversant sans cesse la productivité, le temps socialement requis pour la production d’une marchandise donnée diminue. Il faut alors compenser cette baisse de valeur que connaît chaque marchandise particulière par une hausse proportionnelle du nombre de marchandises produites.
Autrement dit, si l’industrie pétrolière, par l’introduction de nouvelles machines par exemple, multiplie globalement sa productivité par deux, il lui faut alors immédiatement extraire et fournir deux fois plus de pétrole simplement pour produire et vendre la même valeur. Ainsi, avec une industrie pétrolière à croissance zéro, la société extraira, distribuera, consommera deux fois plus de pétrole qu’auparavant. Il faudrait dans ce cas que l’écologie compense cette « pollution croissante » en imposant à l’industrie pétrolière une décroissance matérielle de 50%. Le raisonnement vaut également pour tous les autres secteurs industriels.
La pollution doit également être reliée à cette loi de la valeur. Si tout le processus de la chaîne de production qui mène du champ de coton à la fabrication d’une chemise demande, en raison d’une hausse de productivité, deux fois moins de temps, il faudra non seulement produire deux fois plus de chemises, mais également en vendre deux fois plus. La loi de la valeur-travail nous montre ainsi qu’il faut d’autant plus inciter les gens à acheter des marchandises que la productivité augmente. 2 chemises ne valent désormais plus qu’une, et les gens peuvent, et même doivent, en acheter deux fois plus ou dépenser cet argent sur un autre marché.
Ce que les milieux politico-médiatiques appellent niaisement « société de consommation » n’est en fait qu’un des effets restreints d’une société gouvernée par des lois économiques, une société marchande. Il est donc totalement fallacieux d’accuser le consommateur ultime de « trop consommer », tout comme il est absurde de souhaiter un capitalisme sans gaspillage et sans surexploitation des ressources, sachant que ces phénomènes ne sont pas du tout des « excès » du Capital mais répondent au contraire à sa loi la plus simple et la plus fondamentale : la loi de la valeur. Racine de tous nos maux.
Il y a encore une chose à dire concernant l’alarmiste sur la pénurie. On entend souvent dire que le Capital est condamné à l’effondrement parce qu’il « produit à l’infini dans un monde fini », mais c’est le contraire qui est vrai. Il s’effondre parce qu’il produit de façon finie dans un monde infini, parce que le développement humain, qui ne finira jamais, se heurte à la logique bornée d’accumuler de la richesse abstraite. Les êtres humains aspirent naturellement à l’épanouissement général, tendent à indéfiniment développer leur activité sociale ; mais l’humanité, à un certain stade de ce développement – ce qu’on a coutume d’appeler « l’histoire » – a fait de la valeur d’échange le but et le présupposé de toute activité. Elle a donc confiné sa vie dans les limites étroites que lui autorise l’accumulation de richesse abstraite (la marchandise et l’argent), mais ces limites sont condamnées à être franchies dès lors que le développement de la production atteint un niveau trop élevé.
Autrement dit, par son développement propre, le Capital pose de lui-même les obstacles qui freinent son développement, l’arrêtent et nécessiteront finalement son renversement ultime par le Prolétariat révolutionnaire, et cela avant qu’il puisse épuiser les ressources naturelles. Ces dernières sont, de toutes manières, illimitées puisque la ressource principielle, la matière première des matières premières, à savoir le soleil, nous fournit démesurément de l’énergie susceptible de s’accumuler toujours plus vite à mesure que le développement social se rend de plus en plus capable de la capter à ses fins. En fin de compte, toute énergie sans exception est solaire, et tant que brillera notre astre tutélaire, le monde se fournira de l’énergie en quantité infinie.
Terrorisme de l’ennemi invisible
Il est utile pour un pouvoir en crise de terroriser sa population afin de lui imposer une fausse unité, une fausse solidarité, de peur que la vraie unité du Prolétariat contre la marchandise et l’argent ne s’effectue. Cette manœuvre est d’autant plus efficace que l’ennemi est invisible aux yeux de la masse amorphe et terrorisée ; cela permet de mystifier la réalité et de varier l’importance de l’ennemi supposé en fonction des nécessités du moment.
Nous connaissons ce procédé mis actuellement à l’œuvre par la propagande mondiale de la prétendue pandémie coronavirale : « Les morts augmentent !», « les cas montent ! », sans que personne, hormis une poignée de scientifiques naturellement soumise aux rouages du pouvoir, n’ait jamais vu ce virus. Le COVID-19, c’est comme les monstres ou les fantômes chez les enfants : tout le monde en parle mais personne ne les voit. Il est alors aisé pour le premier prédateur venu de dire à l’enfant qu’un monstre l’attend devant sa porte pour pouvoir le séquestrer, le masquer et lui injecter une substance quelconque au nom de sa sécurité. Le chérubin acceptera cette prédation avec le sourire, pourvu que cela le protège du monstre.
La chose est assez similaire en ce qui concerne le CO2, une molécule. C’est très petit une molécule. Plus petit, beaucoup plus petit qu’un virus. Même pour la grande majorité des microscopes, cela demeure invisible. Mais c’est pourtant le nom de cette particule qui hante la planète toute entière. On peut taxer, ficher, traquer, et pourquoi pas confiner, détruire des emplois et des industries entières, mettre des continents à genoux au nom du CO2. On peut excommunier, ostraciser voire tuer à cause du spectre moléculaire. Mais quant au véritable spectre qui hante l’Europe et maintenant le reste du monde, nous le connaissons bien. Et le pouvoir ne pourra rien faire contre celui-ci.
La transition énergétique : la guerre mondiale mystifiée
La crédibilité du GIEC, en tant qu’organe caractéristique de répression scientifique, ne cesse de se ternir depuis le célèbre climategate de 2009 et à mesure que le mensonge universel sur le climat devient de plus en plus notoire. Nous avons déjà traité cela dans une précédente publication.
Ce qui n’est en revanche pas immédiatement compréhensible, c’est le motif historique ayant poussé à un tel mensonge, sans doute la plus grande œuvre de propagande fallacieuse derrière la grande mystification sanitaire en cours. Pour l’instant.
Or, s’il est une substance commune à tous les grands mensonges historiques qu’a connus l’ère capitaliste de production, c’est bien ceci qu’ils expriment tous la nécessité pour le Capital de neutraliser le potentiel révolutionnaire du Prolétariat qui l’entrave, ou alors, en l’occurrence, la nécessité de juguler sa surproduction.
Sur la ligne théorique définie par Marx et les différents groupes révolutionnaires qui ont suivi, nous avons à plusieurs reprises expliqué les raisons qui font du Capital un mode de production destiné à l’autodestruction permanente: la masse des marchandises destinées à capitaliser la plus-value ne peut trouver d’acheteur en raison même de cette extorsion de plus-value, l’exploitation salariale est une aporie. Depuis la fin des Trente Glorieuses, on a évacué l’inéluctable et endémique problème de la saturation du marché par la généralisation du capital fictif et par la spéculation. Ainsi, les rapports réels de l’exploitation industrielle se sont vus masqués par une gigantesque accumulation de crédit ne reposant sur aucune valeur déjà produite, c’est-à-dire par l’accumulation de titres sans valeur réelle et la création monétaire. Mais cette ivresse délirante arrive progressivement à sa fin à mesure que les taux d’intérêts baissent jusqu’à la négativité, exprimant ainsi la répercussion corollaire des vieilles contradictions industrielles sur la sphère financière.
Le vieux problème de la crise de l’exploitation salariale fait ainsi son retour. Il faut l’éluder une nouvelle fois : comme le marché est, par sa nature même, trop étroit pour absorber la totalité des investissements, une des manœuvres pour tenter de résoudre ce problème temporairement peut être l’interruption brutale des ces investissements mêmes. C’est ainsi que le Capital est contraint de détruire des pans entiers de sa production.
Tout cela n’a donc rien à voir avec le réchauffement putatif du climat. Lors des années précédant la Première Guerre mondiale, bon nombre des élites politiques et intellectuelles avaient bien conscience de ce problème de surproduction capitaliste et des conflictualités impérialistes qu’il engendrait. Sur la base de la théorie révolutionnaire de la valeur et des observations faites sur la militarisation frénétique de son temps, Rosa Luxemburg avait prévu la Grande Guerre et avaient déjà minutieusement analysées ses raisons profondes dès 1899 déjà et malgré les mystifications nationalistes, nombreuses étaient les personnes qui comprenaient qu’il s’agissait avant tout d’une guerre concurrentielle entre les diverses bourgeoisies nationales et non entre les nations elles-mêmes. Aujourd’hui, la conscience des hommes est si confisquée par le spectacle de la marchandise, qu’on est parvenu à faire croire que l’immense destruction de capitaux qui s’annonce est effectivement due à des enjeux ou idéologies écologiques.
Le problème n’est pas celui du climat mondial mais du Capital mondial qui, n’arrivant plus à compenser sa sur-accumulation par l’autonomisation financière, est désormais contraint de détruire des pans entiers de sa production. À un tel problème d’ordre mondial, il lui faut prendre des mesures tout aussi mondiales, justifiées par une idéologie mondialement acceptable. Et quoi de plus mondial et mystifiable que le CO2, particule à la fois invisible et universellement présente depuis la nuit des temps?
Mais bien que cette problématique concerne l’ensemble des secteurs et nations capitalistes, elle ne surgit pas en milieu neutre. Au contraire, son contexte est celui d’une domination géopolitique de l’État américain sur le reste du monde. Ainsi, si la crise du Capital nous donne le pourquoi de la transition énergétique, ce sont les présentes configurations politiques qui nous disent le comment. Parmi tous les ennemis invisibles possibles, c’est le gaz carbonique que l’on a choisi. Non seulement parce qu’en tant qu’élément indispensable à la vie il concerne la planète entière, mais aussi parce qu’un d’un point de vue strictement économique, cibler le CO2 c’est détruire certains secteurs (ou certaines nations) en faveur d’autres. Les industries décrétées impures ou polluantes seront temporairement mises en friche, rétrécies, ou simplement détruites afin d’endiguer non pas la production de CO2 mais la production industrielle elle-même, libérant ainsi des parts de marché aux capitaux dits propres. Compte tenu des actuels rapports de force géopolitiques, il va sans dire que l’industrie automobile européenne sera anéantie à la faveur de la haute technologie électro-numérique américaine.
Au sein du champ de bataille perpétuel du pouvoir économique, les principales victimes, outre la population qui sera taxée et fliquée plus que jamais au nom du climat, sont à chercher chercher du côté des économies les plus dépendantes à la combustion du carbone et des économies ne pouvant pas compenser l’emploi d’énergie thermique par la production d’énergie nucléaire. C’est l’excédent de capitaux industriels qui est visé : le CO2, principal composé chimique émis par l’activité humaine, n’est qu’un prétexte officiel.
À l’heure actuelle nombreux sont ceux qui saluent ou s’impatientent quant à cette « transition énergétique » ; certains, moins nombreux, déplorent le « suicide » industriel de leur pays (en Allemagne notamment) ; d’autres, plus rares encore, dénoncent le mensonge réchauffiste comme une théorie infondée scientifiquement parlant. Mais encore plus rares sont ceux qui comprennent les raisons du mensonge, lequel suit son cours et fera bientôt surgir toutes les réalités qui en découlent inéluctablement : coûts massifs ; licenciements ; prolétarisation ; intensification des luttes sociales, révolution potentielle…
Janvier 2022.